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MANIFESTATIONS DE LA CULTURE

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MANIFESTATIONS DE LA CULTURE

Malgré la diversité des habitants de notre planÈte, on peut retrouver, dans les structures des cultures qu'ils peuplent et qui les peuplent, des points de départ, communs à certains niveaux, qui pour-raient servir à une compréhension mutuelle.



Depuis notre venue au monde, nous ne cessons d'apprendre. ' Je sais qu'on sait jamais ! ' l'adage, tant de fois confirmé, d'une chanson interprétée par Jean Gabin, nous rend plus proche de l'idée de cette continuité de l'apprentissage. Seulement, pour apprendre quelque chose de nouveau, il faut désapprendre autre chose.

Les programmations mentales envisagées par Hofstede (1994) désignent les processus acquis. Tout un chacun a la possibilité de réagir à ces programmes (de façon créative ou destructrice). Dans une perspective multiculturelle, il faudrait envisager les réactions proba-bles, vraisemblables, des personnes impliquées, car autant d'envi-ronnements sociaux différents, autant de programmations men-tales différentes.

La littérature de spécialité distingue entre :

nature humaine (ce que tous les Êtres humains ont en commun ; le niveau universel du programme mental de chacun ; ce dont on hérite avec nos gÈnes) - responsable de notre capacité à ressentir amour ou haine, joie ou tristesse, le besoin de contact avec les autres, le besoin de jeux, d'exercices, à bénéficier de l'aptitude à observer, etc. ;

culture (produit de l'environnement social d'un individu, pas de ses gÈnes) - capable de modifier la nature humaine ;

et

personnalité - qui représente la panoplie de programmes mentaux d'un individu, qu'il ne partage avec aucun Être humain (ce serait la culture + l'expérience personnelle).

On pourrait dire, en reprenant Hofstede (1994 : 21), que la nature humaine est universelle et héritée, la culture est spécifique à un groupe et acquise, alors que la personnalité est propre à un individu, héritée et acquise.

Certaines caractéristiques culturelles ont souvent été attribuées à l'hérédité, parce que les philosophes et les érudits du passé ne savaient pas comment expliquer autrement la remar-quable stabilité des différences de modÈles culturels entre les groupes humains. Ils ont sous-estimé l'impact de l'apprentissage auprÈs des générations précédentes et de la transmission à la gé-nération suivante de ce que l'on a soi-mÊme acquis. Les pseudo-théories des races ont exagéré le rôle de l'hérédité ; elles sont à l'origine de l'holocauste organisé par les nazis pendant la DeuxiÈme Guerre mondiale. Les luttes raciales et ethniques tirent souvent leur justification d'arguments de supériorité ou d'infériorité culturelle totalement infondés.

(HOFSTEDE 1994 : 21)

L'étude des diférences de culture entre les groupes et les sociétés ne peut se faire qu'à partir d'une attitude de relativisme culturel (v. LÉVI-STRAUSS 1988). L'époque post coloniale réduit les étrangers qui souhaitent apporter des changements dans une société à négocier leurs interventions, car chaque nation est fort impliquée moralement dans son propre programme mental dominant.

Les différences culturelles se manifestent de plusieurs façons, dont quatre sont considérées essentielles : les symboles, les héros, les rituels et les valeurs.

Héraldiquement, vôtre !

Le premier terme utilisé pour décrire les manifestations de la culture, inscrit dans ce qu'on appelle courramment les pratiques, est le symbole concept fort controversé (v. ROVENTA-FRUMUSANI 1999 : 86 et suiv.). On tombe dessus partout, on l'utilise à bon escient ou à tort.

Ce que nous appelons symbole est un terme, un nom ou une image qui, mÊme lorsqu'ils nous sont familiers dans la vie quotidienne, possÈdent néanmoins des implications, qui s'ajoutent à leur signification conventionnelle et évidente. Le symbole implique quelque chose de vague, d'inconnu ou de caché pour nous. […] un mot ou une image sont symboliques lorsqu'ils impliquent quelque chose de plus que leur sens évident et immédiat. Ce mot ou cette image ont un aspect ' inconscient ' plus vaste, qui n'est jamais défini avec précision, ni pleinement expliqué. Personne d'ailleurs ne peut espérer le faire. Lorsque l'esprit entreprend l'exploration d'un symbole il est amené à des idées qui se situent au-delà de ce que notre raison peut saisir.

(JUNG 1964 : 20-21)

Avec les symboles nous nous retrouvons dans l'univers du signe, concept qui a fasciné depuis toujours les humains et qui a fait couler beaucoup d'encre. Sans entrer dans les détails, nous allons rappeler que la sémiotique distingue entre :

icône (signe qui ressemble à ce qu'il désigne, à son référent - objet réel ou fictif - ; par exemple une photo, un schéma, un diagramme, un signe affiché sur l'écran d'un ordinateur),

indice (signe apparent, qui indique avec probabilité, se trouvant en relation réelle avec l'objet et qui fonctionne comme marque ou référence; par exemple une girouette, les symptômes d'une maladie, un poteau indicateur, etc.) et

symbole (signe déterminé uniquement dans le sens d'une certaine interprétation conférée, mais qui n'a aucune ressemblance, aucun lien physique avec l'objet (par exemple, un drapeau),

insistant sur le fait que ce dernier doit son existence au rapport établi par une convention de la communauté qui s'en sert (un mot, un symbole mathématique, un hymne national sont établis par un contrat social.

Pour la communication interculturelle, les symboles (étym. lat. symbolus 'signe de reconnaissance ', du gr. sumbolon ' objet coupé en deux constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler /sumballein/ les deux morceaux ') sont des mots, des attitudes, des dessins ou des objets porteurs d'une signification particuliÈre. Ils sont identifiables uniquement par ceux qui partagent la mÊme culture. On pense au symboles quand il s'agit des vÊtements, des drapeaux, de la coiffure, du jargon, des marques de prestige social, etc.; McDonald's, Coca-Cola sont devenus des sym-boles fort bien connus, mais, en suivant le contexte, on peut penser aussi aux ' enfants de la rue', aux petits rubans rouges accrochés aux habits des militants contre le sida, à la Tour Eiffel, aux ambassades, aux billets de banque et aux monnaies, etc..

Parmi les milliers d'exemples possibles, nous allons en évoquer un qui fait référence au Japon. Le ' Festival des jardins de Chaumont ' (France) présente tous les ans des créations d'artistes de par le monde. Une de ces créations, nommée L'Archipel, réalisée par Shodo Suzuki, célÈbre paysagiste japonais, a retenu notre attention par le fait qu'elle était conçue comme symbole de l'état de crise du Japon et de l'espoir du futur. Les assemblages de pierres disjointes évoquaient le fossé d'effondrement au bord duquel est installé le Japon. Des iles de pierre noire et polie étaient brisées symboliquement en deux ou trois éléments, entourées d'une mer de gravier blanc, comme dans les temples bouddhistes. Un cercle suggérait le ' Satori ', état spirituel du bonze du bouddhisme Zen et un souhait pour la paix. Autour, les plantes et les fleurs introduisaient la sérénité et l'espoir. Nous ajouterions à ces images le fait que, souvent, dans la poésie nippone, l'Archipel du Japon est décrit comme éternel.

Les symboles d'un groupe culturel sont réguliÈrement copiés par d'autres, alors que de nouveaux symboles apparaissent. L'usage qu'on en fait nous renseigne sur la collectivité qui l'adopte et nous évite des erreurs de tactique dans communication avec les membres d'une culture différente de la nôtre. Paul Verluyten (2001) relate la gaffe du président Bush qui, lors d'une visite en Chine, a offert une paire de bottes texanes au Premier ministe Chinois. Mal lui en prit : les Chinois considÈrent les souliers comme des objets utilitaires sales, qu'il ne leur viendrait pas à l'esprit d'offrir en cadeau. On pourrait ajouter maints exemples, entre autres, le fait d'offrir des gateaux en forme de drapeau ou de carte d'un pays. Au lieu de faire plaisir, on risque de vexer nos partenaires qui n'apprécieraint pas de ' bouffer ' un symbole national.

Dans les relations interculturelles, il convient non seulement de connaitre les symboles en soi, mais surtout leur significations à l'intérieur d'une culture. Le 'blanc' peut symboliser le deuil (en cer-tains pays de l' ExtrÊme Orient, une robe 'rouge' peut étre la robe d'une mariée (Turquie), le 'vert', comme il en résulte de l'anecdote ci-dessous, ne signifie pas toujours ' Passez ! ' :

Deux amis sont arrÊtés à un feu tricolore. Le passager dit au chauffeur : ' - C'est vert ! ' L'autre ne réagit pas. Il répÈte : ' C'est vert ! ' Toujours aucune réaction. ' - J'te dis que c'est veeert !' À ce moment-là, le conducteur répond : ' - eh ben, j'sais pas, moi … Une grenouille

Achille Jeanne d'Arc, Astérix et j'en passe 

' Demi-dieux ' dans la mythologie (cf. étym. heros ' fils d'un dieu ou d'une déesse '), les héros (fém. héroÃne, n.n.) sont, pour l'interculturalité, des personnes vivantes ou mortes, réelles ou imagi-naires, qui possÈdent des caractéristiques hautement appréciées dans une culture. Ils se distinguent par leurs exploits, par leur courage, par leur magnanimité, mais aussi (les contre-héros), par leurs méfaits, par leur cruauté, par leur infamie Par cela, ils servent de modÈles de comportement. La vie quotidienne, l'art, la littérature n'ont cessé, tout au long des siÈcles, de se servir de ses héros (ou contre-héros) pour son devenir. C'est un ' Hercule ' ou c'est un ' Hitler ', c'est une ' Pythie ' ou une 'Borgia ', mais on entend souvent parler de ' Cendrillon ' ou de ' Barbe-Bleue ', de ' Superman ' ou d' ' Astérix et Obélix '.

Tout va trÈs bien, jusqu'au moment oÙ le ' héros ' devient 'stéréotype '

Prenant ses racines dans le gr. stereos ' solide ', le stéréotype peut Être aussi bien une opinion toute faite, réduisant les singularités, qu' association stable d'éléments (images, idées, symboles, mots) formant une unité (PR 2000 : 2402). Le stéréotype est important dans l'interculturalité parce qu'il joue un rôle essentiel entre l'éthos et le pathos.

En effet, l'idée préalable que l'on se fait du locuteur et l'image de soi qu'il construit dans son discours ne peuvent Être totalement singuliÈres. Pour Être reconnues par l'auditoire, pour paraitre légitimes, il faut qu'elles soient en prise sur une doxa, c'est-à-dire qu'elles s'indexent sur de représentations partagées (les gras sont de nous). Il faut qu'elles puissent étre rapportées à des modeles culturels pregnants (les gras sont de nous ), mÊme s'il s'agit de modÈles contestataires.

(AMOSSY 1999 . 134-135)

Le stéréotypage est l'opération qui consiste à penser le réel à travers une représentation culturelle préexistante. Un individu concret est ainsi perçu et évalué en fonction du modÈle préconstruit que diffuse la communauté de la catégorie dans laquelle elle le range. Une personnalité connue de nos jours sera perçue à travers l'image publique forgée par les médias.

Dans notre société, dominée par les images, l'importance des héros est plus grande que par le passé, ce qui fait que mÊme les personnages des bandes déssinées peuvent Être pris en compte.

Il peut Être question d'un 'modÈle' pour un pÈre, pour un professeur, pour un patron, pour un chef d'État, pour n'importe qui autour de soi ou pour soi-mÊme.

Ce qui est dangereux c'est quand on colle une étiquette à tout un peuple, à partir d'un modÈle préconstruit, sans se soucier de nuances qui existent.

Dans la perspective argumentative, le stéréotype permet de désigner les modes de raisonnement propres à un groupe et les contenus globaux du secteur de la doxa dans laquelle il se situe. Le locuteur ne peut se figurer ses interlocuteurs que s'il les rattache à une catégorie sociale, ethnique, politique ou autre.

(AMOSSY 1999 : 135)

La plupart des fois, les considérations impliquent des jugements de valeur, à travers lesquels on dit ce qu'on pense des Américains, ou des Japonais, ou des Africains, etc.. Ces jugements sont à éviter, car souvent ils sont incorrects, ou incomplets, ou bien ils hyperbolisent ou minimisent la réalité.

Il est certain que les structures des personnes sont différentes en fonction de la culture à laquelle elles appartiennent, mais si un trait n'a pas d'équivalent ailleurs il n'est pas forcément négatif.

Des cartes postales humoristiques, imprimées il y a quelques an-nées en Occident, préfiguraient l'' Européen parfait ' dans les termes suivants : humble comme un Espagnol, calé en technique tel un Portugais, cordon bleu comme un Anglais, disponible comme un Belge, calme comme un Italien, bon chauffeur comme un Français, organisé comme un Grec, sobre comme un Irlandais, plein d'humour comme un Allemand, généreux comme un Hollandais, discret comme un Danois, fameux comme un Luxembourgeois. Peut-on en conclure que ces caractéristiques (ou plutôt leurs contraires !) sont vraies pour tous les membres des peuples respectifs ?

Le camp du drap d'or

Activités collectives, techniquement superflues, mais considé-rées comme essentielles socialement à l'intérieur d'une culture, les rituels (lat. ritus ' usage, coutume ') sont pratiqués pour eux-mÊmes, en vue de parvenir au but désiré. Les formules de politesse, le salut, les cérémonies sociales ou religieuses se rencontrent dans toutes les cultures, la simplicité ou le faste à l'appui. Les réunions politiques ou les rencontres de travail pour des raisons apparemment rationnelles remplissent souvent une fonction rituelle. (' Le camp du drap d'or ', l'endroit qui a vu se dérouler, en 1520, une entrevue entre Charles Quint et Henri VIII, dans le but de conclure une alliance est un exemple de faste ostentatoire, déployé par les deux souverains pour s'impressionner mutuellement, dont, malheureusement, le résultat fut nul).

La plupart des rituels sont pratiqués en collectif, mais beaucoup se déroulent dans la solitude. Là, encore, la culture d'appartenance intervient; ce qui est naturel dans telle collectivité peut Être pris différemment ailleurs. Nos réactions aussi sont différentes : en géné-ral, les gens pleurent lors d'un enterrement, par exemple ; on dit que nos ancÊtres, les Daces, riaent. 

MÊme si techniquement superflus, les rituels exigent notre participation (seul le protagoniste 'bébé' d'un baptÊme, dans les cultures qui connaissent ce rituel, semble indifférent à ce qui se passe autour de lui). Dans tous les autres cas, il est mal vu d'ignorer l'ordre des actes ou des paroles.

Certes, à part les rituels auxquels nous sommes habitués, dont nous avons entendu parler, que nous acceptons ou que nous rejetons, il faut envisager ceux qu'on ne saurait contourner. Nous allons prendre l'exemple des négociations, en reprenant les étapes principales, sine qua non, pour qu'une négociation soit réussie. Ce que nous appelerions le ' macro-rituel ' qu'un négociateur averti doit maitriser sera organisé en fonction :

des objectifs de la négociation (qualificatifs, quantitatifs, réalistes, détaillés, de repli) et

des étapes de la négociation ( prise de contact, questionne-ment, reformulation, propositions, discussion, bilan, concrétisa-tion, décompression).

Chacune des étapes aura son propre 'micro-rituel' dont les composantes présupposent d'autres sous-structures. Nous en présen-tons les aspects les plus importants : 

la prise de contact : saluer, se présenter, vérifier l'identité de l'interlocuteur, prononcer une phrase d'accroche, observer, s'adapter;

la découverte : découvrir les besoins et les désirs de l'autre, savoir poser des questions, savoir 'creuser' les réponses du partenaire, reformuler ses propos;

l'argumentation : savoir appliquer les rÈgles de la crédibilité, de la cohérence, de la consistance et de la congruence, savoir s'appuyer sur son statut (preuve éthique), sur son raisonnement (preuve logique), sur les sentiments (preuve pathétique), savoir utiliser les 'bons' mots, savoir poser des questions pour contrôler l'impact des arguments.

Celui qui mÈne la négociation doit toujours garder la maitrise de l'entretien, savoir poser les cadres favorables à la négociation et se présenter lui-mÊme en interlocuteur convaincant.  

Dans les rélations interculturelles, surtout dans les rapports officiels, il convient de connaitre un minimum sur le comportement des partenaires. Les dimensions culturelles différentes, dont il sera question dans les pages qui suivent, et tout ce qui en découle, peuvent avoir des conséquences facheuses si l'on se montre indifférent à leurs composantes.

Honni soit qui mal y pense

Les valeurs font partie des notions fort abstraites, vu que les tentatives de les définir peuvent varier selon le registre de pensée dans lequel on veut se situer (morale, sociologie, économie, psychologie, etc.). Si l'on se réfÈre à son étymologie, valeur vient du latin valor, lui-mÊme provenant de valere, qui signifie ' se porter bien '. Les Romains se saluaient par le terme vale ' porte-toi bien ' (dans ce sens, on peut dire que 'valeur saine', pourtant souvent utilisé, est un tour pléonastique). Valeur a donc une parenté avec l'idée de santé, la santé serait mÊme la référence de toute valeur; par extension, les valeurs se rattachent à ce qui est favorable au bien-Être psychologique, social et matériel de l'individu.

Formant le coeur d'une culture, comme il est généralement admis, les valeurs sont définies dans l'interculturalité (HOFSTEDE 1994 : 24) comme ' la tendance à préférer un certain état de choses à un autre. C'est un sentiment orienté, avec un côté positif et un côté négatif '. Pour simplifier un peu, ce serait associer au terme de 'valeur' la connotation de ' ce qui vaut (positivement ou négativement). Ainsi, les valeurs définissent-elles le bien et le mal, le propre et le sale, le beau et le laid, la norme et l'anormal, le cohérent et l'insensé, le rationnel et l'irrationnel, le naturel et ce qui est contre nature, l'honorable et le déshonorant, le désirable et ce qui doit Être rejeté, etc. .

Les valeurs font partie des choses que les enfants apprennent dÈs leur plus jeune age, de façon souvent inconsciente. Les psycho-logues du développement pensent que, dÈs dix ans, la plupart des enfants ont un systÈme de valeurs solidement acquis et qu'il devient trÈs difficile de le modifier au-delà de cet age (v. l'expression appartenant à la culture roumaine ' a avea cei sapte ani de-acasa ' avoir une bonne éducation, avoir l'age de raison - littéralement : les sept [sic !] premiÈres années de sa vie - n.n.). Du fait de leur acquisition précoce, la plupart de nos valeurs sont inconscientes ; il nous est donc difficile d'en parler, et elles ne sont pas directement perceptibles de l'extérieur. Elles ne peuvent qu'Être déduites de notre comportement face à des situations variées.

(HOFSTEDE 1994 : 25)

Les valeurs sont donc des systÈmes de préférences collectives, qui orientent et justifient les actions sociales des hommes. On ne peut pas les considérer comme des préférences individuelles, car elles se forment et se transforment à travers des discussions, des conflits, des coopérations ou de compromis entre les acteurs. C'est l'expérience de la vie sociale qui offre à l'individu la voie de découvrir et de s'approprier des valeurs dont il se servira ensuite pour orienter et justifier ses actions vis à vis d'autrui.

Les valeurs orientent et justifient des actions sociales, car elles légitiment des normes. Les gens agissent sous l'emprise des valeurs (une sorte d'éthique qui guide leurs actes) qui leur permettent de choisir entre des actions alternatives. Mais on peut également se servir des valeurs pour justifier une action à postériori, pour légitimer un acte. 

Les valeurs forment des systÈmes de préférences hiérarchisés, cohérents et ouverts. Il existe une échelle des valeurs, car elles n'ont pas toutes le mÊme poids. Elles sont cohérentes entre elles, sinon il y a dissonance cognitive. Enfin, le systÈme est ouvert car les valeurs peuvent changer lorsqu'il y a inadaptation à la situation, à moins qu'on ne décide de modifier la situation, d'essayer de s'adapter, de se mettre d'accord.

Les valeurs étant collectives, elles sont source d'unité et de cohésion sociale. En effet, comme elles sont communes à une collectivité d'individus, elles les font se ressembler. Il y a une certaine unité culturelle entre eux. En outre, comme elles servent de références communes, elles permettent des accords et des coopérations. Elles favorisent la cohésion. Il existe des valeurs dominantes, d'autres sont déviantes, certaines ne sont que des variantes.

Mais il faut garder conscience qu'il est trÈs difficile de caractériser d'une façon scientifiquement fondée des individus selon une valeur dominante. Cela se pourrait-il que le doute subsisterait de pouvoir l'identifier puisqu'il s'agirait là d'un méta- concept dont il est bien évident que les personnes elles-mÊmes ne sauraient avoir conscience ! On parle généralement et plus utilement d'un systÈme de valeurs, sachant par ailleurs que les éléments du systÈme de valeurs d'une personne peuvent évoluer.

Il s'avÈre fort difficile d'apprendre quelles sont les valeurs admises par les membres d'une culture, étant donné que les réponses aux divers questionnaires ne peuvent pas Être prises à la lettre, le comportement réel s'écartant parfois du comportement verbal exprimé dans les questionnaires (v. l'anecdote sur une maison de commerce qui avait diffusé un certain nombre de questionnaires longs de deux pages et qui, aprÈs en avoir récupéré 50% dÛment remplis, fut étonnée de trouver dans l'un d'eux la réponse ' Non ' à la question nr. 36 : ' Remplissez-vous des questionnaires ? ').

Il est important d'opérer une distinction entre valeurs désirables et valeurs désirées, entre, en fait, ce que l'on voudrait que le monde soit et ce que l'on désire pour soi-mÊme. En général, le désirable n'a qu'une lointaine ressemblance avec le comportement réel. Il faut prendre en compte les normes auxquelles on se rapporte, c'est-a-dire l'étalon de valeurs en vigueur dans une société. L'expression roumaine ' fa ce zice, nu ce face popa ' (litt. fais ce que le prÊtre dit et non pas ce qu'il fait) le montre éloquemment.

On assiste à une évolution culturelle qui tend vers l'individua-lisation des valeurs. Le rejet progressif des idéologies entraine un refus des valeurs impulsées de l'extérieur, on assiste donc à une désta-bilisation des grands systÈmes générateurs de morale collective (tel que les religions). C'est le 'désenchantement du monde', la perte de sens, les anciens symboles de référence, porteurs de repÈres, se per-dent dans la jungle des logos commerciaux.

En somme il n'y a plus de valeurs absolues, celles-ci sont devenues relatives. Ce pluralisme des valeurs peut Être générateur de conflits (entre les valeurs elles-mÊmes et donc potentiellement aussi entre des groupes porteurs de valeurs contradictoire), c'est ce que Max Weber nomme 'la guerre des dieux'.

Nous apprenons finalement que les valeurs sont universelles, mais que chaque individu peut leur donner une importance différente, selon son appartenance culturelle ou ethnique, son age, son sexe, son milieu social

En fait, les valeurs sont le plus à prendre en compte quand on parle de choc culturel, car, si les pratiques (symboles, héros, rituels) d'une autre culture peuvent Être plus facilement assimilées ou comprises, pour les valeurs c'est parfois peine perdue.

On ne saurait clore ce chapitre sans mentionner que pour le monde interculturel contemporain, une des plus importantes valeurs, qui devrait Être acquise universellement, c'est la tolérance.



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