Scrigroup - Documente si articole

Username / Parola inexistente      

Home Documente Upload Resurse Alte limbi doc  
BulgaraCeha slovacaCroataEnglezaEstonaFinlandezaFranceza
GermanaItalianaLetonaLituanianaMaghiaraOlandezaPoloneza
SarbaSlovenaSpaniolaSuedezaTurcaUcraineana

AdministrationAnimauxArtComptabilitéDiversesDroitéducationélectronique
FilmsL'économieL'histoireL'informatiqueLa biologieLa géographieLa grammaireLa littérature
La médecineLa musiqueLa politiqueLa psychologieLa sociologieLe tourismeLes mathématiquesManagement
PersonnalitésPhysiqueRecettesSportTechnique

Les Arabes dans l’Afrique septentrionale

l'histoire



+ Font mai mare | - Font mai mic



DOCUMENTE SIMILARE



Les Arabes dans l’Afrique septentrionale

1. – L’Afrique septentrionale avant les Arabes



Retour à la table des matières

On désigne sous le nom d'Afrique septentrionale la région comprenant le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Tripolitaine. Elle s'étend de l'océan Atlantique à la limite occidentale de l'Égypte, contrée généralement rattachée à l'Orient. La Méditerranée la limite au nord. Elle est bornée au sud par les parties du Sahara voisines du Soudan ;

Les Romains divisaient l'Afrique septentrionale en cinq parties : 1° la Cyrénaïque, à l'Ouest de l'Égypte ; 2° les provinces consulaires d'Afrique (Tripolitaine et Tunisie actuelles) ; 3° la Numidie (province de Constantine) ; 4° la Mauritanie Tingitane (Maroc) ; 5° la Mauritanie Cesarienne (une partie de l'Algérie actuelle). Ces diverses provinces étaient placées sous l'autorité de proconsuls, de légats ou de procurateurs.

Aux premiers temps de leurs conquêtes, les Arabes désignèrent l'Afrique septen­trionale et l'Espagne sous le nom de Maghreb, c'est-à-dire Occident. Quand ils furent fixés à Kairouan et à Tunis, ils adoptèrent l'ancien nom d'Ifrikia pour toute la région qui devait devenir plus tard les régences de Tunis et Tripoli ; et, finalement, le mot Maghreb ne servit plus qu'à désigner les régions occidentales de l'Afrique. On donna alors le nom de Maghreb central au territoire comprenant à peu près l'Algérie actuelle, et celui de Maghreb extrême à celui qui forme maintenant le Maroc.

L'Afrique septentrionale a été conquise par des peuples divers qui ont laissé des traces plus ou moins profondes de leur passage : Carthaginois, Romains, Vandales, Visigoths, Byzantins la possédèrent, plus ou moins, avant les Arabes.

Malgré ces dominations diverses, le fond de la population avait peu changé. Elle se composait d'une race particulière, les Berbères, qui avait conservé, au moins en dehors des villes, sa religion, sa langue et ses mœurs.

L'histoire de l'établissement des Arabes en Afrique est celle d'une lutte prolongée qu'ils eurent à soutenir contre les Berbères. Le rôle joué par ces derniers dans l'histoi­re des Arabes en Afrique et en Espagne est tellement considérable, que cette histoire ne saurait être bien comprise sans leur étude préalable. Une telle étude est d'autant plus nécessaire, que de graves erreurs sont journellement professées à l'égard des Berbères par les écrivains qui s'occupent d'eux à propos de l'Algérie.

Tous les peuples de l'Afrique septentrionale, désignés par les Romains sous les noms de Numides, Libyens, Africains, Maures, Gétules, etc., font partie de la race berbère, et on peut dire qu'avant les Arabes tout ce qui n'était pas nègre dans le nord de l'Afrique était Berbère.

L'origine des Berbères nous est aussi parfaitement inconnue que celle de la plupart des races.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 177

la figure # 112

Vue de Tunis ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Leur présence sur tout le littoral supérieur de l'Afrique, où toute la population était noire, eux exceptés, permet cependant de penser qu'ils sont le résultat de l'immi­gration, à une époque fort reculée, de populations diverses étrangères à l'Afrique. Nous disons, époque fort reculée, parce que la tradition ni l'histoire n'ont conservé aucun souvenir de cette invasion ; et nous disons, populations diverses, parce que la présence de sujets blonds aux yeux bleus, parmi des individus aux cheveux noirs, indique les éléments d'origines différentes.

On peut, du reste, former des conjectures assez plausibles sur les points de départ de ces immigrations. Ne pouvant provenir du sud, puisqu'on ne trouve que des nègres dans cette direction, ni du nord, puisque le nord est occupé par une vaste mer que les peuples primitifs ne pouvaient songer à franchir, les invasions n'ont pu se faire que par l'est, c'est-à-dire par la bande étroite de terrain qui relie l'Afrique à l'Asie, ou par l'ouest, c'est-à-dire par le détroit de Gibraltar. C'est sans doute par l'extrémité asiati­que de l'Afrique que sont venues, des bords de l'Euphrate, du nord de l'Arabie, ou peut-être de plus loin encore, les populations à cheveux noirs. Celles aux yeux bleus et aux cheveux blonds ont probablement pour origine des Européens venus par l'extrémité occidentale de l'Afrique. Ces derniers provenaient sans doute du nord de l'Europe, car les monuments mégalithiques qu'ils ont laissés en Afrique sont précisé­ment identiques à ceux que nous trouvons dans les contrées septentrionales de notre continent, et tout à fait différents de ceux que les Vandales, qui pénétrèrent en Afrique à une époque postérieure à notre ère, savaient construire.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 178

la figure # 113

Village berbère ; d'après une photographie de Geyser, à Alger.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Certains documents historiques confirment ce qui vient d'être dit au sujet de l'antiquité de l'immigration blonde en Afrique. Il existe, en Égypte en effet, des monuments antérieurs de quatorze ou quinze siècles à notre ère, sur lesquels sont figurées des populations africaines aux yeux bleus et aux cheveux blonds. De plus, l'auteur du Périple de la Méditerranée, le géographe Scylax, qui vivait deux siècles environ avant J.-C., parle d'un peuple blond cantonné dans une province occupée actuellement par la régence de Tunis. Ces blonds sont aujourd'hui en très petite mino­rité. En Afrique, on ne les rencontre guère que par ilots isolés, mais ces ilots isolés existent sur des points très différents : on les a observés jusque chez les Touaregs du désert.

La prédominance de la population aux cheveux noirs sur celle aux cheveux blonds prouve que l'immigration asiatique fut la plus importante, ou au moins la plus puissante.

Les Berbères ont été refoulés du littoral par les Arabes ; mais avant l'invasion de ces derniers, ils occupaient l'immense région de l'Afrique septentrionale qui s'étend depuis la Méditerranée jusqu'au pays des noirs, c'est-à-dire jusqu'au Soudan. Sur cette limite méridionale, il devait exister, à en juger par ce qu'on observe aujourd'hui encore, un mélange intime entre les populations noire et berbère. Les types particu­liers résultant de ce mélange de sangs si différents sont bien connus de tous ceux qui ont visité les grandes villes d'Afrique, celles du Maroc notamment.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 179

la figure # 114

Berbère de l'Algérie ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Au point de vue politique, les Berbères forment plusieurs groupes importants, tels que les Kabyles de l'Algérie, les Touaregs du Sahara, les Chelouhs du Maroc ; mais ces groupes divers appartiennent toujours à des individus de la même race.

Il est beaucoup moins facile qu'on ne le croit généralement de donner une descrip­tion anthropologique du Berbère qui soit bien exacte : ce n'est guère que dans les montagnes escarpées qu'il est à peu près pur de tout alliage. Dans les villes et dans les régions voisines du littoral, il est fortement altéré par son mélange, non seulement avec les Romains, les Grecs, les Vandales, etc., mais surtout avec les Arabes, qui, à une certaine époque, leur furent au moins égaux en nombre, comme nous le verrons bientôt.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 180

la figure # 115

Femme berbère fabriquant le kouskoussou ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

C'est donc une entreprise fort délicate que de vouloir discerner dans de pareils mélanges le véritable type berbère. Ce qu'on peut dire, je crois, de plus exact, c'est que le type qu'on rencontre le plus souvent chez les vrais Berbères, diffère d'une façon générale du type arabe par des traits plus grossiers et des formes plus massives. La face est aplatie, élargie aux pommettes, rétrécie à la base, les lèvres sont grosses, le nez court, un peu épaté, et souvent retroussé à sa pointe, les cheveux noirs, les yeux foncés et petits. Je me hate d'ajouter que j'ai observé chez les Berbères des types qu'il serait bien difficile de différencier d'avec le type arabe ; mais ils sont sans doute le produit des mélanges dont je parlais à l'instant.

Les Berbères possèdent une langue particulière extrêmement ancienne, proba­blement d'origine phénicienne. C'est dans cette langue que Jugurtha excitait ses soldats contre Marius et que s'entretenaient les Gétules. En dehors des idiomes euro­péens, elle forme, avec l'arabe, la seule langue parlée dans toute l'Afrique septen­trionale ; mais l'arabe est de beaucoup la plus répandue. Le berbère n'est guère parlé que dans les montagnes ou dans les régions très éloignées des villes. Il forme plusieurs dialectes aussi différents entre eux que l'est le français de l'espagnol ou de l'italien. La langue berbère s'est, du reste, arabisée au contact de la langue arabe, comme s'est arabisée la population berbère elle-même. Le berbère actuellement parlé, surtout dans la grande Kabylie, compte un tiers environ de mots arabes. Ce fait curieux nous montre une fois de plus combien a été profonde l'influence des Arabes, et combien cette influence a été supérieure à celle des autres peuples. Bien qu'ayant dominé le pays pendant autant de temps que les Arabes, les Grecs et les Latins n'ont laissé aucune trace dans la langue berbère.



Les Berbères sédentaires actuels habitent des villages généralement situés au haut des montagnes, et peu différents comme aspect de nos villages européens. Ce sont de durs travailleurs que rien ne rebute et qui labourent avec ardeur le sol médiocre qu'ils possèdent. N'éprouvant que peu de besoins, ils réussissent facilement à les satisfaire. Ils sont assez industrieux pour fabriquer tous les objets : instruments, étoffes, armes, bijoux, etc., qui leur sont nécessaires, et exportent souvent au dehors l'excédent des produits de leur industrie. J'ai trouvé chez eux certains modèles de bijoux qui ne dépareraient certainement pas, au point de vue de la forme, les vitrines de nos plus élégants bijoutiers parisiens 

L'étude des mœurs et usages kabyles - mœurs et usages qui ont persisté sous tous les conquérants - est des plus curieuses.

Chaque village se compose de plusieurs familles comprenant tous les individus du même sang et de celles qui demandent et obtiennent d'en faire partie. Chacune de ces agglomérations, nommée kharouba, assez analogue à la gens romana, constitue une unité politique et juridique apte à posséder, aliéner et recevoir.

La réunion de plusieurs villages forme une tribu. L'unité politique des Berbères n'est pas cependant, comme chez les Arabes, la tribu, mais le village. Chaque village est une petite république indépendante administrée par un chef élu nommé amin. Ce chef civil et militaire a pour fonction principale de présider la djemaa, c'est-à-dire la réunion de tous les males majeurs du village. C'est uniquement dans cette assemblée que réside le pouvoir législatif et judiciaire, ainsi que celui de décider de la guerre et de la paix. Le pouvoir de l'amin est en réalité fort limité ; il est du reste contrôle par un second magistrat nomme oukil, dont le devoir est de dénoncer à la djemaa tous les actes repréhensibles de l'amin. L'autonomie communale rêvée par certains socialistes est, comme on le voit, complète chez les Berbères ; elle est même si complète qu'elle les a toujours empêchés d'arriver à former une véritable nation.

La propriété est individuelle chez les Berbères, mais la kharouba, comme le villa­ge, possède des biens indivis analogues à nos biens communaux. C'est elle qui hérite à défaut d'héritiers naturels, ou quand ces derniers sont parents à des degrés trop éloignés.

Le droit pénal des Berbères est très simple ; les peines sont surtout infamantes ; les prisons sont inconnues. Les crimes, le vol surtout sont très rares : l'individu est trop peu isolé pour que la crainte de la réprobation n'ait pas une influence considéra­ble sur lui. Dans ces petites républiques microscopiques, ou chacun se connait l'influence de l'opinion est souveraine.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 182

la figure # 116

Une des portes de la grande mosquée de Sidi Okba à Kairouan ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Les Berbères professent aujourd'hui l'islamisme ; mais ce sont d'assez tièdes sec­tateurs du prophète. Avant les Arabes, ils adoraient les dieux de Carthage : Gurzil, Mastimane et autres divinités barbares. Suivant Tertullien, ils sacrifiaient des enfants à Saturne. Ils professaient également le culte du feu. Pendant la période chrétienne, plusieurs tribus voisines des colonies grecques se convertirent au christianisme.

Les Berbères sont monogames. Leurs femmes, quoique moins en tutelle que chez les peuples chrétiens, n'ont pas beaucoup plus de droits.

Les femmes berbères possèdent une énergie remarquable : on les voit parfois combattre auprès de leurs maris. L'histoire a consacré le souvenir de leur vaillance dans la fable de ces Amazones dont Homère a chanté la reine et qui auraient conquis la Libye, et une partie de l'Asie Mineure.

Plusieurs femmes ont exercé le pouvoir souverain chez les Berbères et ce fait seul, très anormal pour un Arabe, indique suffisamment que la façon de penser des deux peuples est complètement différente sur certains points. Les Arabes, au temps de la conquête, rencontrèrent la plus rude résistance de la part de la reine Kahina, qui commandait à plusieurs tribus et forma une ligue contre eux. Dans un premier com­bat, elle réussit à les mettre en déroute et à s'emparer de toute l'Afrique septentrionale. Les Arabes, étant revenus en plus grand nombre, elle résolut de ravager la contrée pour les empêcher de l'occuper, et fit détruire tous les villages depuis Tripoli jusqu'à Tanger. Cette femme remarquable inspirait une égale terreur aux Grecs et aux Arabes, et elle eût peut-être changé les destinées de son pays si elle n'avait trouvé la mort dans un combat.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 183

la figure # 117

Vue du minaret de la grande mosquée de Sidi Okba ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Les auteurs qui ont parlé des Berbères ont professé à l'égard de leur caractère des opinions tout à fait contradictoires. Il est facile de concilier ces contradictions en ayant présent à l'esprit ce que nous avons dit à propos du caractère des Arabes, si variable suivant leurs conditions d'existence. Les descriptions que nous possédons sont généralement exactes pour les populations berbères auxquelles elles s'appliquent, mais ces populations étant très différentes, ce qui est exact pour les unes ne l'est plus pour les autres. Ce qui est vrai par exemple pour les Touaregs, nomades, pillards et perfides, ne l'est nullement pour les Berbères des montagnes.

La psychologie du Berbère peut être considérée comme très voisine de celle de l'Arabe, à condition, bien entendu, de comparer les sédentaires avec les sédentaires, les nomades avec les nomades. Les conditions d'existence sont chez tous les peuples un des plus puissants facteurs du caractère ; et, avec des conditions d'existence semblables, nous devons nous attendre à rencontrer souvent des modes de penser et d'agir identiques. Le Berbère sédentaire est, comme l'Arabe sédentaire, dur au travail, patient, énergique et industrieux. Le Berbère nomade est, comme l'Arabe nomade, indépendant, belliqueux, sobre et résistant à la fatigue ; il a comme lui une grande mobilité d'esprit ; comme lui encore, il est extrêmement perfide avec ses ennemis. Il n'en diffère guère que parce qu'il est plus vindicatif et plus cruel et surtout moins intelligent. Dès les premiers temps de la conquête arabe, les Berbères avaient déjà donné des preuves de leur perfidie. Mouza, conquérant de l'Espagne, interrogé à Damas par le khalife sur les Berbères, en fit le tableau suivant, qui me parait encore très juste aujourd'hui : « Ils ressemblent fort aux Arabes dans leur manière d'attaquer, de combattre et de se soutenir ; ils sont patients, sobres et hospitaliers comme eux ; mais ce sont les gens les plus perfides du monde : promesse ni parole ne sont sacrées pour eux. » Bien avant les invasions arabes, on savait qu'il ne fallait jamais compter sur la parole d'un Berbère. Ils étaient nombreux dans les armées Carthaginoises, et ont dû certainement contribuer à la mauvaise renommée de la foi punique.

La division en nomades et sédentaires n'est pas moins importante, comme on le voit, pour les Berbères que pour les Arabes. Elle avait été fort bien signalée, au quatorzième siècle, par Ibn-Khaldoun, dans le passage suivant de son ouvrage : « Depuis les temps les plus anciens, dit-il, cette race d'hommes habite le Maghreb, dont elle a peuplé les plaines, les montagnes, les plateaux, les régions maritimes, les campagnes et les villes. Ils construisent leurs demeures, soit de pierres, soit d'argile, soit de roseaux et de broussailles, ou bien de toiles faites de poil de chameau. Ceux d'entre les Berbères qui jouissent de la puissance, et qui dominent les autres, s'adonnent à la vie nomade et parcourent avec leurs troupeaux les paturages auxquels un court voyage peut les amener ; jamais ils ne quittent l'intérieur du Tell pour entrer dans les vastes plaines du désert. Ils gagnent leur vie à élever des moutons et des bœufs, réservant ordinairement les chevaux pour la selle et la propagation de l'espèce. Une partie des Berbères nomades fait aussi métier d'élever des chameaux, se donnant ainsi une occupation qui est plutôt celle des Arabes. Les Berbères de la classe pauvre tirent leur subsistance du produit de leurs champs et des bestiaux qu'ils élèvent chez eux ; mais la haute classe, celle qui vit en nomade, parcourt le pays avec des cha­meaux, et toujours la lance en main, elle s'occupe également à multiplier ses troupeaux et à dévaliser les voyageurs. »

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 184

la figure # 118

Ancienne mosquée de Kairouan ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Ce qui précède met en évidence l'erreur dans laquelle beaucoup d'auteurs moder­nes tombent aujourd'hui, lorsqu'ils croient pouvoir différencier les Arabes des Berbères, en disant que les seconds forment une population sédentaire, adonnée à l'agriculture, alors que les premiers ne sont que des nomades. Ils en tirent naturel­lement cette conclusion, qu'ils appliquent ensuite à l'Algérie : que les Berbères sont civilisables, alors que les Arabes ne le sont pas. Mais cette conclusion repose sur une observation tout à fait erronée. L'Arabe et le Berbère sont également sédentaires ou nomades, suivant le milieu où ils se trouvent ; ces deux formes de vie sociale résultant de la nature du sol et non de la race. Dans les régions fertiles de l'Arabie, de l'Égypte ou de l'Algérie, l'Arabe a toujours été sédentaire. Dans les plaines sablonneuses des mêmes contrées, il a toujours été nomade, et ne pouvait être que nomade. Que se soient des Berbères, des Arabes ou tout autre peuple qui habitent le Sahara, on n'y verra jamais que des nomades. Les Touaregs du désert, ces descendants des Numides qu'on range parmi les plus purs des Berbères, sont exclusivement nomades, et, comme les Arabes du désert de l'Arabie, vivent surtout de guerre et de pillage. Dans les régions montagneuses aux hivers prolongés, où la vie nomade serait impossible, les mêmes Berbères se construisent des maisons et mènent la vie agricole.

Il en était ainsi avant l'invasion des Arabes en Afrique, et il en est encore de même aujourd'hui. Vouloir obliger des nomades, chez lesquels l'hérédité a fixé des habitudes devenues une seconde nature, à mener une vie sédentaire et à se livrer à l'agriculture, serait aussi difficile que d'empêcher un chien de chasse de suivre le gibier. On peut à la rigueur y arriver peut-être, mais une telle entreprise est l’œuvre des siècles et non celle d'un jour.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 185

la figure # 119

Ornements en faïence émaillée pris dans une mosquée de Kairouan ; d'après une photographie



téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Alors même qu'on ne comparerait les Berbères sédentaires qu'avec les Arabes également sédentaires, je ne connais aucun fait qui puisse permettre de soutenir que les premiers soient plus civilisables que les seconds. Les événements historiques prouveraient plutôt le contraire, car l'Arabe est arrivé à posséder une civilisation très haute alors que celle du Berbère n'a jamais été bien élevée. En réalité, je crois qu'au­jourd'hui l'Arabe et le Berbère présentent la même inaptitude à s'adapter à la façon de vivre, sentir et penser des Européens. Pour l'immense majorité de ces derniers, la civi­lisation implique la nécessité de passer la plus grande partie de son temps à travailler dans une usine, un bureau, ou à gratter laborieusement la terre dix ou douze heures par jour pour gagner le droit de recommencer le lendemain. Cette vie-là, l'Arabe et le Berbère n'en veulent pas ; ils n'ont pas les besoins artificiels créés par notre civilisa­tion et refusent de se les créer. L'Européen pour l'Arabe ou le Berbère est simplement un maitre qu'il faut subir tant qu'on ne peut pas faire autrement, mais dont on se débarrasse le jour où l'occasion s'en présente.

2. - Établissement des Arabes en Afrique

Retour à la table des matières

La conquête de l'Afrique par les Arabes fut beaucoup plus difficile que celle de l'Égypte, et ils ne s'y établirent que très lentement. Les Berbères ne cessèrent de lutter contre eux, et, à plusieurs reprises, arrivèrent à reconquérir leur indépendance.

Après avoir été soumise aux Romains durant plusieurs siècles, l'Afrique septen­trionale avait été dominée pendant plus de cent ans (429-545) par les Vandales d'Espagne. Ils en furent chassés par l'expédition envoyée contre eux par Justinien et dirigée par Bélisaire. Les Visigoths d'Espagne l'envahirent à leur tour et l'occupaient en partie quand les Arabes se présentèrent.

L'histoire des provinces africaines à l'époque où parurent les Arabes est assez obscure. Nous savons cependant que lorsque l'empereur Héraclius allait avoir à se défendre contre les invasions de ces nouveaux conquérants, l'Afrique jouissait d'un peu de tranquillité, car ce monarque, voulant échapper aux troubles qui se produi­saient à Constantinople, avait résolu de s'embarquer pour Carthage et d'en faire la capitale de son empire.

La tranquillité en Afrique n'était du reste que momentanée. En dehors des inva­sions venues de l'extérieur, les dissensions incessantes des sectes religieuses la troublaient constamment. De même que l'Égypte, l'Afrique était devenue chrétienne, mais la propagation du christianisme ne s'y était faite qu'en versant des torrents de sang. Lorsque Constantin monta sur le trône, il trouva les diverses sectes en proie à de telles fureurs qu'il fut oblige de les réduire par les armes.

Les Romains et les Byzantins avaient fondé en Afrique des cités importantes ornées de monuments dont on retrouve aujourd'hui les ruines ; mais leur influence était toute locale, et ne s'était pas étendue au-delà des villes. L'Afrique était moins colonisée que conquise.

La résistance des Byzantins aux Arabes fut aussi faible en Afrique qu'elle l'avait été en Égypte, et, sans les Berbères la conquête eût été rapide ; mais la résistance de ces derniers fut si énergique, qu'il ne fallut pas aux Arabes moins de cinq campagnes d'une durée totale de près d'un demi-siècle pour se rendre tout à fait maitres du nord de ce continent.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 187

la figure # 120

Sculpture d'un panneau pris dans une mosquée de Kairouan ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Leur première invasion eut lieu l'an 23 de l'hégire (644 de J.-C.). Ils envahissent d'abord la Cyrénaïque, province toute voisine de l'Égypte, puis soumettent la Tripoli­taine. En 646, ils s'emparent de plusieurs villes, mais ils finissent par évacuer le pays moyennant rançon. Ils y reparaissent vingt ans plus tard, et portent leurs armes jusqu'à l'autre extrémité de l'Afrique, c'est-à-dire jusqu'à l'océan Atlantique.

En 675, ils fondent Kairouan, future capitale de l'Afrique arabe. En 691 (69 de l'hégire), ils s'emparent de Carthage et subjuguent une grande armée de Berbères que Kahina, reine de ces derniers, avait réunie pour les combattre. En 711, ils sont assez forts pour envahir l'Espagne.

Jusqu'au commencement du neuvième siècle de notre ère, l'Afrique fut gouvernée par des émirs nommés par les khalifes ; mais à partir d'Harounal-Raschid, la supréma­tie de ces derniers ne fut plus que nominale. L'Afrique fut désormais gouvernée par de véritables souverains indépendants résidant à Kairouan. De 800 à 909, onze princes arabes de la famille des Aglabites se succédèrent dans cette capitale. L'Afri­que jouit d'une grande tranquillité sous leurs règnes, et ils dirigèrent tous leurs efforts vers la fusion des Arabes et des Berbères. Mais les Berbères finirent par renverser leur dynastie, et, reconnaissant comme khalife un prince fatimite d'origine berbère, ils rendirent l'Afrique complètement indépendante du khalifat d'Orient, auquel elle n'était du reste rattachée depuis longtemps que par des liens nominaux.

Jusqu'à l'invasion des Turcs, au seizième siècle, l'Afrique resta gouvernée par des dynasties berbères. Cette indépendance lui fut bientôt fatale. Obéissant à ces instincts héréditaires que nous avons constatés et qui les ont toujours empêchés de former une grande nation, les Berbères se divisèrent à l'infini et laissèrent l'Afrique se morceler en petits royaumes indépendants, toujours en lutte entre eux, et où la civilisation ne brilla jamais que d'un éclat bien faible.

On ne peut apprécier la nature de l'influence exercée par les Arabes en Afrique, qu'en se rappelant qu'il y eut dans leur conquête deux périodes fort distinctes et dont les conséquences ethnologiques furent très différentes.

La première de ces périodes fut celle de la primitive invasion du septième siècle. La conquête ne fut simplement alors qu'une occupation militaire forcément très restreinte.

Si l'invasion des Arabes se fût bornée à cette primitive occupation, il fût arrivé comme en Égypte et ainsi du reste qu'il arrive toujours en pareil cas, qu'après un petit nombre de générations les Arabes auraient disparu entièrement dans la masse des Berbères. Leur influence civilisatrice eut pu survivre, mais celle du sang se fût rapidement éteinte.

Une invasion nouvelle se produisant sur une immense échelle en décida autre­ment. En amenant en Afrique un nombre immense d'Arabes, elle eut pour résultat de transformer une partie de la nation berbère en un peuple arabe.

Ce fut vers le milieu du onzième siècle, alors que les Berbères avaient presque partout reconquis leur indépendance, qu'eut lieu la grande invasion qui devait avoir pour résultat le peuplement du nord de l'Afrique par les Arabes, et le refoulement des Berbères dans les montagnes du Tell et dans les régions du sud. Cette invasion se composa de tribus nomades venues de l'Hedjaz en Arabie, et qui, sous les Fatimites, avaient été cantonnées dans la haute Égypte. Leurs dépradations eurent bientôt rendu le pays qu'ils occupaient tellement inhabitable, que le khalife Mostanser résolut de s'en débarrasser en les lançant sur les Berbères de l'Afrique.

Ce fut bien plus l'invasion entière d'un peuple que l'arrivée d'une armée.

Les Arabes partirent, emmenant avec eux femmes, enfants et troupeaux. Leur nombre a été évalué par certains auteurs arabes à un million, et à deux cent cinquante mille seulement par quelques uns ; mais il parait certain que la première invasion fut bientôt suivie de plusieurs autres.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 188

la figure # 121

Mihrab de la mosquée Si-el-Habib, à Kairouan ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Cette immigration fut assez lente, et ce n'est que progressivement qu'elle arriva à couvrir d'Arabes le nord de l'Afrique. Deux ans après ses débuts, elle n'avait pas dépassé la Tripolitaine. Procédant pas à pas, les Arabes s'insinuaient par groupes dans les vallées et se mélangeaient graduellement avec la population. Leurs masses aug­mentant toujours, ils réussirent en quelques générations, par le fait seul de leur nombre, à imposer aux Berbères leurs mœurs, leur religion et leur langue et à ne laisser à leurs souverains qu'un pouvoir nominal. Il n'y eut que des tribus refoulées dans les montagnes du Tell et certaines régions du sud qui échappèrent à l'influence étrangère.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 189

la figure # 122

Façade de la mosquée Djama-el-Kebir, à Alger.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Les résultats de ces invasions ne furent nullement civilisateurs, car les nomades de l'Arabie ont toujours mené une vie demi-sauvage incompatible avec toute culture sérieuse, et cette vie nomade, ils la continuèrent en Afrique. La civilisation, qui com­mençait à se développer sur le sol africain, palit rapidement. Les luttes intestines des tribus, celles des nombreuses dynasties rivales des diverses provinces devenues indépendantes eurent pour résultat une rapide décadence et lorsque les Turcs se pré­sentèrent au seizième siècle à Alger, ils n'eurent pas de peine à s'emparer très rapide­ment du nord de l'Afrique. Un seul État arabe, le Maroc, resta indépendant. Il a gardé jusqu'ici cette indépendance, mais sans échapper à la décadence qui avait graduelle­ment envahi toutes les provinces. La ville de Fez, qui était, au dixième siècle, une rivale de Bagdad et possédait, d'après les historiens arabes, cinq cent mille habitants, huit cent mosquées et une bibliothèque riche en manuscrits grecs et latins, est aujourd'hui à demi ruinée. La population du Maroc, évaluée aujourd'hui à six ou sept millions d'individus, n'est plus que le produit abatardi du croisement des Berbères, des Arabes et des Nègres.

3. - Monuments laissés par les arabes
dans l'Afrique septentrionale



Retour à la table des matières

La civilisation arabe de l'Afrique n'eut jamais l'éclat de celle de l'Égypte ou de l'Espagne. L'Afrique posséda cependant des villes importantes et quelques monu­ments remarquables, notamment sous les Aglabites. Ils élevèrent des villes comme Kairouan, Tunis, Fez, ou en transformèrent d'autres qui existaient à peine avant eux, telles que Tlemcen, Alger, Bougie, etc., mais l'éclat de ces cités fut très éphémère. Les rivalités des Berbères, leur peu d'aptitude à la civilisation, l'inva­sion des Arabes nomades, et enfin l'absence de centres importants, comme Bagdad en Orient, le Caire en Égypte, étaient de conditions peu favorables au progrès de la civilisation. Aussi ne faut-il pas nous attendre à trouver dans l'Afrique septentrionale des monuments arabes présentant l'originalité et la richesse de ceux de l'Espagne et de l'Égypte. Nous verrons dans notre chapitre consacré à l'histoire de l'architecture chez les Arabes que ces derniers ne réussirent jamais en Afrique à se soustraire entière­ment à l'influence byzantine. Nous nous bornerons actuellement à une simple énumération des édifices les plus remarquables, en choisissant surtout, comme nous l'avons déjà fait, parmi les monuments religieux, les seuls à peu près, du reste, qui soient conservés.

Mosquées de Kairouan - Kairouan fut fondée par le célèbre Okba, le conquérant de l'Afrique. Il fit élever dans cette ville, l'an 55 de l'hégire (675 de J.-C.), une grande mosquée qui fut reconstruite à plusieurs reprises, et notamment l'an 205 de l'hégire (820 de J.-C.). Elle est recouverte de coupoles surbaissées et forme un quadrilatère entouré d'un mur d'enceinte, que domine un minaret constitué par une grande tour carrée, très large à la base, et couronnée de trois étages en retrait les uns sur les autres. Cette forme de tour carrée faisant fonction de minaret est très répandue dans toute l'Afrique septentrionale et le fut probablement aussi en Espagne.

Bien que la grande mosquée de Kairouan et les autres monuments religieux de cette ville aient été restaurés plusieurs fois, ils présentent, comme nous le verrons dans un autre chapitre, un intérêt archéologique considérable ; mais jusqu'à une épo­que toute récente, aucun Européen ne les avaient visités et ils n'avaient jamais figuré encore dans aucun ouvrage.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 190

la figure # 123

Minaret de la grande mosquée de Tanger ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Ce même Okba qui fonda Kairouan fut enterré près de Biskra. La mosquée qui entoure son tombeau, dite mosquée Sidi Okba, est actuellement le plus ancien monu­ment religieux de l'islamisme en Afrique. Elle possède également un minaret carré.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 191

la figure # 124

Intérieur de la mosquée Sidi Bou Médine, à Tlemcem ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Mosquée de Sidi Bou-Médine, près de Tlemcen Tlemcen fut autrefois la capitale du Maghreb central. Sa mosquée fut fondée en 739 de l'hégire (1388 de J.-C.). Elle renferme dans ses dépendances une école fondée en 747 de l'hégire, et qui est un des rares monuments de cette sorte existant encore en Afrique. Les sciences et l'histoire y étaient enseignées à l'époque de la splendeur des Arabes. Notre figure donne une bonne idée de son architecture.

Mosquée d'Alger Presque toutes les mosquées d'Alger sont modernes et dépourvues d'intérêts ; la seule intéressante est la grande mosquée Djama el Kébir. Sa fondation remonte au dixième siècle de notre ère ; mais elle a subi à diverses époques des modifications importantes. Son minaret carré, notamment, est du quatorzième siècle.

L'intérieur de l'édifice, actuellement blanchi à la chaux, ne présente aucune décoration. Les arcades supportant la toiture reposent sur des piliers carrés. Elles ont la forme d'un arc en fer à cheval très légèrement ogival ; plusieurs sont dentelées.

Une des façades de la mosquée est entourée d'une belle galerie composée d'arca­des ogivales et dentelées en fer à cheval à leur base comme les précédentes. Elles s'appuient sur des colonnes de marbre. Cette galerie, dont la construction est très postérieure à celle du monument primitif, rappelle tout à fait des colonnades qu'on voit dans les cours intérieures de l'Alcazar de Séville.

En dehors de la mosquée précédente, le seul monument mahométan qui me sem­ble digne d'être mentionné à Alger est la petite chapelle funéraire d'Abd-er-Rhaman, ainsi nommée du nom du personnage qui y est enterré. Sa construction remonte au quinzième siècle. Elle est d'une architecture élégante, mais ne présente aucune parti­cularité originale.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 192

la figure # 125

Vue générale de Tanger (Maroc) ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Mosquées du Maroc - Le Maroc possède plusieurs belles mosquées, notamment celles de Muley Edris et d'El-Karoum, à Fez. Cette dernière, très célèbre encore dans toute cette région de l'Afrique, contient deux cent soixante-dix colonnes, et seize nefs de vingt arcades chacune. Les Européens ne peuvent y pénétrer sous peine de mort.

La plupart des mosquées du Maroc sont construites sur le plan des mosquées de l'Afrique septentrionale et ont comme elles des minarets carrés, forme assez rare en Égypte. Celui de la grande mosquée de Tanger, que nous reproduisons, est construit sur le même plan et donne une idée suffisante de ce genre de construction.

En dehors d'un petit nombre de mosquées, on ne rencontre guère de monuments arabes bien remarquables au Maroc ; mais ce qu'on y trouve, ce sont des mœurs, des costumes et un ensemble oriental qu'il serait difficile de trouver ailleurs. C'est encore au Maroc qu'il faut aller de préférence pour se faire une idée de la vie des Arabes au temps des khalifes. Les grandes villes demi-européennes de l'Algérie et de la Syrie, Damas exceptée, n'en sauraient donner qu'une très incomplète idée. Le voyage est facile, et je le conseille à tous les artistes. En quelques jours de chemin de fer, on traverse la France et l'Espagne dans toute leur longueur ; on s'embarque à Malaga et l'on est bientôt à Gibraltar, ville anglaise à la physionomie roide et morne ; mais le voyageur amoureux du pittoresque ne regrettera pas de retrouver l'Angleterre si loin, car le contraste qu'il éprouvera après quelques heures de mer, lorsqu'il abordera les côtes du Maroc à Tanger, n'en sera que plus frappant. Gibraltar, c'est la vie civilisée moderne ; Tanger, avec ses maisons blanches à terrasses, sa population bariolée, ses pachas à la justice sommaire, représente la vie arabe telle qu'elle était il y a un millier d'années. Cette vision fantastique de mosquées, de minarets, de tours crénelées, de bazars d'esclaves, de femmes voilées, d'Arabes vêtus de couleurs éclatantes, qu'évo­que dans la pensée la lecture de certains chapitres des Mille et une nuits, se trouve réalisée d'une façon magique, quand on pénètre dans cette vieille cité, dont la légende fait remonter la fondation à Hercule, et qui était déjà célèbre au temps du comman­deur des croyants, Haroun-al-Raschid, l'illustre contemporain du grand empereur Charlemagne.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 192

Planche couleurs # 6

ORNEMENTATION POLYCHROME d'un plafond de l'ancienne Mosquée de Cordoue
(Style Byzantin-Arabe) (Monuments architect. de l'Espagne)

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)



En visitant une collection d'objets rapportés de l'Asie centrale par M. de Uyfalvy, nous y avons trouvé des objets identiques à ceux fabriqués par les Kabyles. On pourrait peut-être attribuer leur origine aux relations qui existèrent entre l'Inde et l'Afrique pendant toute la durée de la domination arabe.





Politica de confidentialitate | Termeni si conditii de utilizare



DISTRIBUIE DOCUMENTUL

Comentarii


Vizualizari: 566
Importanta: rank

Comenteaza documentul:

Te rugam sa te autentifici sau sa iti faci cont pentru a putea comenta

Creaza cont nou

Termeni si conditii de utilizare | Contact
© SCRIGROUP 2024 . All rights reserved