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Les Arabes en Perse et dans l’Inde

l'histoire



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Les Arabes en Perse et dans l’Inde

1. – Les Arabes en Perse



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Les débris de la civilisation des Arabes, dans les diverses contrées occupées par eux, varient beaucoup d'un pays à l'autre. Son étude reposant sur l'examen des oeuvres scientifiques, littéraires, artistiques ou industrielles qu'ils ont laissées, nous ne pouvons dans chaque chapitre suivre un plan identique. C'est ainsi que pour la Syrie nous nous sommes attaché à l'étude des oeuvres plastiques ; que pour Bagdad, où les documents de cette sorte faisaient défaut, nous les avons remplacés par des détails sur l'organisation politique, les finances, l'administration, etc. Ces matériaux d'informa­tions se complétant l'un par l'autre permettent de juger sous des jours divers la civilisation dont nous voulons retracer le tableau.

Pour un petit nombre de contrées, la Perse notamment, les renseignements que nous possédons sont rares, et nous serons obligés de nous contenter d'indications sommaires. Elles suffisent cependant à prouver que l'influence que les Arabes y ont exercée, de même du reste que celle qu'ils y ont subie, a été très grande.

Lorsque les Arabes arrivèrent en Perse et renversèrent la dynastie des Sassanides, ils se trouvèrent en présence d'une civilisation très vieille, très puissante, et à laquelle ils firent, notamment dans les arts, de nombreux emprunts.

La conquête de la Perse date, comme celle de la Syrie, des premiers temps de l'islamisme. Ispahan était conquise en 645 sous le khalife Omar. Pendant trois siècles, elle resta sous la domination des khalifes d'Orient, et son histoire se confondit un peu avec celle de Bagdad. Elle tomba ensuite sous des dynasties indépendantes éphémères qui se succédèrent jusqu'aux Turcs Seldjoucides. Les Mongols, qui les remplacèrent au treizième siècle, furent dépossédés à leur tour par les Turcomans en 1403.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 123

la figure # 76

Pavillon Tchéel-Soutoun à Ispahan ; d'après un dessin de Coste.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Ces invasions successives eurent pour résultat la destruction de tous les monu­ments anciens construits sous les Sassanides et les Arabes. Tous ceux que possédait la ville d'Ispahan notamment, furent entièrement anéantis ; ceux qu'on y voit aujourd'hui remontent au célèbre shah Abbas, prince persan, qui en fit sa capitale l'an 998 de l'hégire (1589 de J.-C.), et reprit aux Turcs la plus grande partie de la Perse. Pendant un siècle, cette contrée sembla devoir recouvrer son ancienne prospérité. En 1739, elle luttait victorieusement contre le grand mogol de l'Inde et l'obligeait à lui céder plusieurs provinces à l'ouest de l'Indus. Elle tomba enfin dans l'anarchie et la déca­dence. Placée aujourd'hui entre les Russes, qui veulent avancer vers l'Inde, et les Anglais, qui cherchent à s'y opposer, elle est fatalement destinée à servir de champ de bataille à ces deux rivaux, et à tomber entre les mains de celui qui sera le plus fort. Après avoir été dans le passé, le siège de luttes qui devaient donner l'empire du monde au vainqueur, elle semble appelée à jouer dans l'avenir le même rôle encore.

L'influence des Arabes sur les Perses nous est prouvée par le fait que ces derniers ont adopté leur religion et leurs lois, et que leur langue sans être devenue d'un usage général, est cependant très répandue en Perse et y joue un rôle analogue à celui du latin en Europe au moyen age. Aujourd'hui encore c'est dans des ouvrages arabes que les Persans étudient les sciences, la théologie et l'histoire.

Les débris des oeuvres plastiques laissées par les Arabes en Perse, sont trop rares pour permettre de juger avec précision l'influence réciproque exercée par les deux peuples l'un sur l'autre. Nous ignorons ce qu'était exactement l'architecture persane avant l'islamisme, et ce qu'elle fut pendant la période arabe. Les monuments anciens que nous ont fait connaitre divers explorateurs sont tellement ruinés, qu'il est vrai­ment impossible de se représenter exactement ce qu'ils pouvaient être. Nous savons cependant, par les récits des historiens et les débris existant encore, qu'au temps de ces souverains Sassanides, qui précédèrent les Arabes, les palais étaient très richement ornés ; qu'on connaissait les coupoles, et qu'on savait recouvrir les édifices de briques émaillées. Nous pouvons compléter ces indications en nous rappelant qu'aux débuts de leurs conquêtes, les Arabes adoptaient, en la modifiant très peu, l'architecture de leurs vaincus. En étudiant les monuments des premiers temps de l'islamisme, on peut donc arriver à en dégager ce qui appartient à l'influence persane. Ce fut surtout pour les décorations de détails, l'application des faïences émaillées, par exemple, que les Arabes firent des emprunts aux artistes persans. Pour les formes d'ensemble, ils furent d'abord guides, au moins en Syrie et en Égypte, par les archi­tectes byzantins. Plus tard, ce furent les Arabes qui firent sentir leur influence sur les Perses, et ces derniers leur empruntèrent la forme de leurs dômes, les ornements en stalactites et divers motifs d'ornementation, tels que les inscriptions. Nous revien­drons du reste sur ces questions dans les chapitres consacrés aux arts arabes.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 124

la figure # 77

Intérieur d'une mosquée d'Ispahan ; d'après un dessin de Coste.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Il n'existe actuellement en Perse qu'un bien petit nombre de monuments de l'époque des premiers khalifes arabes, tels que les ruines de la mosquée d'Hamadan, reproduites dans un autre chapitre. Quelques uns de ceux de Meched, qu'a fait con­naitre M. de Khanikoff, paraissent être également de la même époque ; on y trouve une combinaison étroite des éléments persans et arabes. Les arcades, les minarets coniques n'ayant de galeries qu'au sommet, les décorations en faïences émaillées sont persanes ; les caractères employés comme procédé d'ornementation, les stalactites, les colonnades légères, etc., sont arabes.

La parenté évidente des débris des monuments de la Perse contemporaine des khalifes avec ceux beaucoup plus modernes que fit construire Abbas, à Ispahan, et dont nous représentons les plus importants, montre que les architectes suivaient une tradition ancienne. Nous verrons dans le chapitre consacré à l'histoire de l'architecture chez les Arabes que cette tradition fut cependant graduellement modifiée dans des détails importants, notamment dans la forme des dômes. D'abord surbaissés, puis hémisphérique, ils se rétrécissent ensuite à la base et prennent finalement par l'exa­gération de ce rétrécissement une forme bulbeuse caractéristique.

Quoi qu'il en soit, le style persan a certainement son originalité. Les minarets coniques, les portes monumentales à ogives évidées latéralement, l'ornementation des murs en faïences couvertes de dessins de couleur sont certainement propres aux per­sans ; et lorsque nous les retrouverons sur les monuments de l'Inde, nous n'hésiterons pas à les attribuer à l'influence de ces derniers.

Quand les Mongols succédèrent aux Arabes, ils adoptèrent la religion et la civilisation de leurs vaincus; mais en Perse et dans l'Inde, ils employèrent des archi­tectes hindous et persans, qui mélangèrent les différents styles, comme nous allons le voir bientôt. À Samarcande, grande ville aujourd'hui à moitié détruite, dont Tamerlan fit sa capitale en 1404, les ruines montrent que l'influence persane a dominé dans l'architecture. Dans l'Inde, l'influence arabe, du moins au début, fut plus grande. Il parait démontré que les Mongols n'apportèrent aucun élément nouveau dans l'archi­tecture. Il est évident cependant qu'ils eurent un style particulier et cela par le fait seul qu'ils mélangèrent les différents styles des peuples soumis à leurs lois. Nos gravures en donnent la preuve.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 126

la figure # 78

Pavillon des miroirs, à Ispahan ; d'après un dessin de Coste.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Si l'on nous demandait de résumer d'un mot l'influence des Arabes en Perse, nous dirions qu'elle fut très grande sur la religion, les connaissances scientifiques et la langue, mais assez faible sur les mœurs et l'architecture. Loin de transformer radica­lement leur antique civilisation au contact de celle de leurs vainqueurs, comme le firent les Égyptiens, les Perses en conservèrent les parties essentielles.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 127

la figure # 79

Portail de la mosquée du Koutab, près de Delhi, et colonne de fer du roi Dhava ;

d'après une photographie de Frith.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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2. - Les arabes dans l'Inde

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Les Arabes n'ont pas joue dans l'Inde un rôle politique beaucoup plus important qu'en Perse ; mais leur influence religieuse et civilisatrice a été considérable, et aujourd'hui encore, l'Inde contient près de cinquante millions d'hommes soumis à la loi du prophète.

Dès les premières années de l'hégire (637 de J.-C.), les Arabes commencèrent à se montrer dans l'Inde : des flottes sorties de l'Oman et du Bahreïn s'avancèrent jus­qu'aux bouches de l'Indus. En 664, le roi de Caboul est rendu tributaire. En 711, une armée arabe conquit le royaume de Sind, qui s'étendait à l'est jusqu'au Cachemeire, à l'ouest jusqu'à l'Indus et la mer.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 128

la figure # 80

Tour du Koutab, près de Delhi, d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Les établissements des Arabes ne furent pas, du reste, bien importants et ne durèrent que jusqu'en 750. Ils furent alors remplacés par des dynasties hindoues, auxquelles succédèrent des Turcs et des Mongols convertis à l'islamisme. La plus ancienne et la plus importante de ces diverses dynasties fut celle des Ghaznévides, ainsi nommée du nom de son fondateur. Les Ghaznévides commencèrent la conquête de l'Inde vers l'an 1000 de J.-C., et la terminèrent en onze campagnes qui durèrent vingt-cinq ans. La rive orientale de l'Indus, le Cachemire, le Penjab, le royaume de Lahore, Aymir furent définitivement conquis. Les Ghaznévides s'annonçaient partout comme les propagateurs de la religion et de la civilisation arabes, et reçurent du khalife de Bagdad le titre de protecteurs des vrais croyants. Pour la première fois, depuis Alexandre, l'Inde se trouva soumise à des conquérants étrangers. La puissance politique et religieuse de l'islamisme y était solidement fondée, et, sous des dynasties diverses, devait subsister pendant huit siècles. La puissance politique a disparu, mais la puissance religieuse subsiste encore et ne fait que grandir.

Lorsque les mahométans pénétrèrent dans l'Inde, ils y trouvèrent une antique civilisation, très supérieure à la leur. Ils surent la fondre avec celle qu'ils possédaient ; mais il est remarquable qu'en si peu de temps, ils aient pu répandre leurs croyances dans une grande partie de cette immense contrée.

Les vainqueurs furent frappés d'admiration par les monuments de leurs vaincus. Voici comment Mahmoud le Ghaznévide, dans une lettre adressée à un de ses géné­raux, parle de la ville de Muttra, déjà célèbre plus de quinze siècle avant l'ère chrétienne : « Cette ville merveilleuse, dit-il, renferme plus de mille édifices, la plupart en marbre, et aussi fermement établis que la foi des croyants, et encore je ne comprends pas dans ce nombre les temples des infidèles. Si l'on calcule l'argent qu'ont dû coûter tous ces monuments, ce ne serait pas trop de l'estimer à plusieurs millions de dinars ; et encore faut-il dire que pareille cité ne pourrait être construite même en deux siècles. Dans les temples païens, mes soldats trouvèrent cinq idoles d'or, dont les yeux étaient formés de rubis d'une valeur de cinquante mille dinars ; une autre idole portait comme ornement un saphir pesant quatre cent miskals, et l'image elle-même produisit à la fonte quatre-vingt-dix-huit miskals d'or pur. Nous trouva­mes, en outre, une centaine d'idoles d'argent, représentant la charge d'autant de chameaux. »

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 129

la figure # 81

Porte d'Aladin, au Koutabs près de Delhi ; d'après une photographie de Frith.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Des dynasties nouvelles remplacèrent les Ghaznévides, et furent remplacées elles-mêmes par les Mongols. Mais ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que si ces dynasties n'avaient rien d'arabe par le sang, elles avaient toutes ce lien commun d'être les propagatrices de la civilisation et des croyances Arabes.

Lorsque l'on étudie l'influence des Arabes sur les peuples avec lesquels ils ont été en contact, on constate généralement un des deux résultats suivants : ou bien la civi­lisation arabe se substitue presque entièrement à celle du vaincu, comme en Égypte ; ou bien elle fusionne avec elle, comme en Perse et dans l'Inde. Dans cette dernière contrée, les deux civilisations se sont si intimement fondues que le dogme religieux lui-même s'en est ressenti ; un troisième élément, l'influence persane, est venu s'y associer plus tard.

L'étude des monuments de l'Inde, à laquelle nous allons nous livrer bientôt, mettra nettement en évidence le degré d'influence des Arabes aux diverses époques et la combinaison de ces trois facteurs. Dans les monuments des premiers temps tels que la porte d'Aladin, l'influence arabe est dominante, l'influence hindoue n'apparait que dans les détails. Les anciennes pagodes n'étant pas adaptées aux sentiments de la civilisation nouvelle, les disciples du prophète en utilisent seulement quelques parties.

Quelques siècles plus tard, la même influence arabe est vivante encore, mais les Arabes disparaissent de plus en plus de la scène du monde. Les Persans sont bien plus près, et ce sont eux, en définitive, qui l'emportent. Les influences arabe et hindoue se montrent encore, mais à un degré de plus en plus restreint.

La période de transformation que revêt l'étude des monuments de l'Inde posté­rieurs à l'islamisme, fut assez longue et l'apparition des premiers monuments inspirés par le génie arabe assez tardive. Les nouveaux promulgateurs de la loi du prophète n'étaient pas en effet de race arabe mais bien des Turcs, puis des Mongols, c'est-à-dire des demi-barbares. De même que les barbares qui envahirent le monde romain, ils finirent sans doute par s'assimiler la civilisation de leurs vaincus, mais ils durent nécessairement y mettre longtemps.

Ils y mirent longtemps en effet, et la lenteur de cette adaptation fait bien ressortir la différence fondamentale qui sépare les peuples intelligents à évolution rapide, tels que les Arabes, des peuples inférieurs à évolution lente, tels que les barbares du moyen age et les hordes asiatiques, également barbares, qui submergèrent l'empire de Mahomet. Avec la civilisation des Grecs, des Romains et des Perses, les Arabes se créèrent presque immédiatement une civilisation nouvelle, bientôt en avance sur celles qui lui avaient servi de fondement. Pour que des barbares pussent utiliser cette civilisation trop élevée pour eux, il fallait qu'ils lui fissent subir des transformations d'abord régressives, et longtemps après seulement progressives, nécessaires pour l'adapter à leurs cerveaux de barbares. Cette opération est naturellement fort lente, car elle implique toute une série d'acquisitions que l'hérédité seule peut accumuler. C'est justement parce que la transformation du barbare en homme civilisé est très lente qu'il a fallu plusieurs siècles aux hordes qui envahirent l'empire romain pour se créer une civilisation avec les débris de celle qu'avait possédée l'ancien monde.

La dynastie des Ghaznévides dura jusqu'en 1186 ; elle fut remplacée par la dynastie des Gourides, d'origine turcomane, dont un des plus remarquables souve­rains fut Cutb-ud-din, qui mourut en 1210, et dota l'Inde, comme nous allons le voir, de monuments remarquables. En 1250, Delhi devint une grande métropole où tous les étrangers, les savants, les artistes étaient sûrs de recevoir l'accueil qu'ils recevaient autrefois à Bagdad. Mais les Mongols commençaient déjà à envahir le nouvel empire. En 1297, Alla-ud-din leur livra, sous Delhi, une bataille où cinq cent mille hommes, dit-on, se trouvèrent en présence, et les repoussa.

En 1378, Tamerlan s'empara de Delhi, mais ne fit que la traverser. À la suite de l'anarchie résultant de sa conquête, diverses dynasties indépendantes mais éphémères se formèrent. Enfin, un roi de Caboul, descendant de Tamerlan, s'empara de Delhi en 1517 et y fonda la dynastie des Grands Mongols qui devait régner trois siècles et n'être renversée que par les Anglais.

Nous allons examiner maintenant, suivant notre méthode, les principaux monu­ments arabes ou mélangés d'art arabe existant dans l'Inde. Cette histoire tracée sur pierre en dira plus au lecteur que de longues dissertations.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 131

la figure # 82

Tombeau d'Akbar, à Secundra ; d'après une photographie,

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Tour du Koutab - Les plus anciens monuments arabes de l'Inde que nous connaissions bien sont de la fin du douzième siècle. Deux des plus remarquables sont la mosquée du Koutab, près de Delhi, construite en 1190 de J.-C., et la tour qui porte le même nom.

La tour du Koutab est une tour cannelée ayant la forme d'un tronc de cône très allongé, ornée sur sa surface d'une ceinture d'inscriptions, d'arabesques, et supportant plusieurs balcons sculptes. Ce monument, qui n'a d'arabe que les ornements et les galeries, fut élevé, ou au moins terminé par Cutb-ud-din, d'où le nom de Cutb minar, et par abréviation Koutab, sous lequel il est connu en Europe.

La forme particulière de cette tour indique qu'elle eut pour architecte des Hindous. Elle est considérée dans l'Inde comme une merveille. Sayid Ahmad Khan, dont M. Garcin de Tassy a fait connaitre un important manuscrit hindou consacré à Delhi, dit : « qu'on ne saurait décrire convenablement, la grandeur et la beauté de cet édifice et qu'il n'y en a pas de pareil sur la surface de la terre. » Suivant le même auteur, cette tour aurait été commencée par le roi hindou Pithaura, en 1143 de J.-C., et Cutb-ud-din n'aurait fait que la continuer.

Auprès du Koutab se trouvent les ruines d'une mosquée, qui est un ancien temple hindou transformé. Sa construction remonte à 587 de l'hégire (1191 de J.-C.).

Porte d'Aladin - La même enceinte qui renferme la tour du Koutab et la mosquée du même nom contient encore plusieurs monuments importants tels que la pagode du roi Pithaura ; mais le plus remarquable de tous est la célèbre porte monumentale, élevée en 1310 de J.-C., par Aladin (Ala-ud-din). Elle est aussi intéressante par son extrême beauté qu'au point de vue de l'histoire de l'art chez les musulmans. C'est un des plus remarquable monument de l'art arabe existant aujourd'hui ; et je ne vois guère que certaines portes intérieures de l'Alhambra qu'on pourrait lui comparer, si, par leurs menues proportions, ces portes n'étaient pas à l'entrée monumentale d'Aladin, ce qu'est un kiosque à l'égard d'une cathédrale.

Le lecteur qui examinera, avec soin, la gravure très fidèle que nous donnons de ce monument, admirera certainement le merveilleux talent avec lequel les architectes surent, en combinant des éléments de styles très différents, créer une oeuvre des plus harmonieuses et en même temps des plus originales. Les colonnades de l'encadrement de la porte sont hindoues ; la forme des arcades et la plupart des détails d'ornemen­tation sont arabes. L'ensemble rappelle un peu les portes monumentales persanes.

La porte d'Aladin a une solidité en rapport avec ses formes gigantesques. La pier­re a été substituée à la brique des palais arabes de l'Espagne et des sculptures taillées dans la pierre ont remplacé les simples moulures de l'Alhambra.

Mausolée d'Altamsch Auprès de la mosquée du Koutab se trouve le mausolée de l'empereur Altamsch, érigé en 633 de l'hégire (1235 de J.-C.). C'est un édifice du même style que le précédent, et en même temps un des plus anciens monuments arabes de l'Inde.

Temple de Binderaboun - L'influence des Arabes dans l'Inde s'est d'abord mani­festée par l'adaptation de motifs arabes à d'anciens monuments. Je me bornerai à en donner un exemple typique en reproduisant une partie du temple de Binderaboun. Le monument appartient au style de l'Inde septentrionale. L'arcade qui surmonte la porte est de style persan arabe.

Mausolée d’Akbar, à Secundra - Les autres monuments de l'Inde, que nous allons mentionner maintenant, appartiennent à la domination mongole.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 133

la figure # 83

Temple de Binderaboun près de Muttra ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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L'existence politique des arabes était terminée. Ils vivaient encore par leur influence scientifique, artistique et religieuse, mais cette influence était contreba­lancée par celle des Perses et des Hindous eux-mêmes. Il en résulta une fusion des styles dans laquelle il est facile de reconnaitre que l'élément arabe, tout en restant vivant, ne domine plus.

Parmi les monuments les plus remarquables de cette nouvelle époque, il faut citer le mausolée de l'empereur Akbar, à Secundra, près de Delhi, construit vers l'an 1600 environ de l'ère chrétienne. Commencé du vivant d'Akbar, il ne fut terminé que sous l'empereur Shah Jehan.

Akbar, arrière-petit-fils de Tamerlan, fut l'un des plus grands souverains que l'Inde ait possédés ; et, sous son règne, qui dura de 1550 à 1605, elle atteignit un degré de prospérité qu'elle n'a plus connu. Ce fut l'age d'or de l'architecture dans l'Inde. Ce prince avait, en effet, une véritable passion pour les monuments. À partir de 1560, il consacra dix ans à faire construire dans un désert, près d'Agra, la ville et les palais de Futtehpore, dont les ruines admirables font songer à ces villes mortes dont nous parlent les Mille et une nuits. Fatigué bientôt du climat, il déménagea avec toute la population et abandonna au désert sa capitale nouvelle, ses palais et ses mosquées. Depuis cette époque, cette magnifique cité, que de grands États européens s'honore­raient d'avoir pour capitale, n'a eu pour habitants que des tigres et quelques anachorètes.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 134

la figure # 84

Le Tadj Mahal à Agra ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Ce même Akbar ne se bornait pas uniquement à cultiver l'architecture ; il s'occu­pait beaucoup aussi de questions philosophiques. Assez indifférent en matière de religion, et partant fort tolérant, il eut un jour l'idée de fondre tous les cultes en un seul, et réunit en congrès les prêtres de toutes les religions connues, y compris des missionnaires chrétiens, pour leur exposer son projet. Akbar oubliait malheureu­sement que chacun de ses auditeurs étant convaincu être en possession de la vérité absolue alors que son voisin était plongé dans l'erreur, aucune conciliation n'était possible. Les seuls arguments qu'échangèrent les sectateurs de ces différents cultes se bornèrent naturellement à d'abondantes invectives. Il n'y a pas d'exemple dans l'his­toire qu'une religion ait été fondée par une réunion d'individus discutant froidement suivant les lois habituelles de la raison. Akbar vit ainsi qu'un souverain assez puissant pour faire naitre à sa volonté une ville et des palais dans un désert, ne pouvait rien contre ces puissants fantômes qui règnent en maitres sur le cœur de l'homme.

Le Tadj Mahal à Agra. - La ville d'Agra possède plusieurs monuments remar­quables de l'art hindo-persan-arabe, et notamment le célèbre mausolée Tadj Mahal, dont la description complète exigerait plus d'un volume. Ce monument fut commencé en 1631 par l'empereur Shah Jehan pour servir de tombeau à une femme de la perte de laquelle il ne pouvait se consoler, et à laquelle il résolut d'édifier le plus beau monu­ment que les hommes eussent jamais connu. Il établit un concours entre tous les architectes de l'Orient, et mit à contribution les contrées les plus éloignées pour obtenir les pierres rares ou précieuses dont cet édifice est construit. On dépensa, dit-on, dans cette oeuvre gigantesque 60 millions, sans compter le travail des ouvriers, qui fut gratuit. 20 000 ouvriers par jour y furent occupés pendant 22 ans, suivant Tavernier. En triplant la somme précédente on n'arriverait certainement pas à cons­truire un monument semblable en Europe.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 135

la figure # 85

Grande salle octogone et dôme dans l'intérieur du Tadj.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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L'édifice, dont nous donnons des dessins exacts, mais tout à fait insuffisants cependant pour en montrer la beauté, est construit en marbre blanc, et s'élève au centre d'une grande plate-forme formant un piédestal de marbre de 5 mètres de hauteur et de 100 mètres de côté. Il porte quatre minarets à ses angles et plonge par une de ses faces dans le fleuve qui baigne ses pieds ; les autres faces dominent des jardins dont la végétation luxuriante leur forme un cadre magnifique. Ces jardins sont entourés d'un mur crénelé. On y pénètre par une porte monumentale de style persan.

Le Tadj Mahal a des dimensions gigantesques. Le sommet de sa coupole s'élève à plus de 80 mètres au-dessus du sol. Quatre portails de 20 mètres de hauteur lui donnent accès. Au centre de l'édifice se trouve le tombeau de l'épouse chérie de Shah Jehan et de celui de cet empereur.

Tous les voyageurs ont considéré cet admirable monument comme une des merveilles du monde. Voici comment s'exprime notamment un auteur anonyme dont j'ai trouvé, dans le Magasin pittoresque, la relation accompagnée d'un dessin fait d'après une miniature indienne presque aussi exact que les photographies.

« Tout est en marbre et du plus beau poli et l’œil ébloui a peine à supporter l'éclat de ces immobiles merveilles quand elles sont inondées de la lumière du jour. Le pale flambeau de la lune convient mieux à ce magnifique ensemble. - Les pans de marbre fouillés avec une délicatesse incroyable, en fleurs, en feuillages, en rosaces, en ara­besques capricieuses : les colonnettes élancées, les riches encadrements, les galeries découpées à jour, véritables dentelles d'albatre, les mosaïques au fini précieux, aux vives couleurs, les inscriptions en marbre noir, tout ce que l'art pouvait se permettre, il l'a produit avec profusion et avec la perfection la plus complète dans ce lieu enchanté. »

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 136

la figure # 86

Balustrade en marbre blanc ciselé entourant les cénotaphes
de Shah Jehan et de sa femme, au Talj.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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« Les deux cénotaphes en marbre blanc sont surchargés d'inscriptions et d'orne­ments combinés avec un art et une élégance extrêmes. Les fleurs en mosaïque qui en bordent toutes les moulures de la base au sommet sont du plus beau travail. Chaque fleur se compose de plus de cent pierres fines et polies dont les couleurs assorties reproduisent celles de la fleur que l'artiste a voulu représenter. Ces pierres fines sont : la lazulite, l'agate, la cornaline, le jaspe sanguin, diverses espèces de quartz, de porphyre, de marbre jaune et doré, etc. Le pourtour de l'octogone et celui des chambres environnantes sont décorés en bas de panneaux sculptés en marbre blanc de 1 mètre 30 de hauteur avec encadrements en mosaïque, les uns représentant des fleurs, les autres des vases avec des fleurs en relief ; on trouve de ces panneaux sculptés au bas des voûtes qui forment les portails d'entrée. Ces portails sont décorés en outre d'inscriptions arabes en marbre noir. »

Ce palais est un des rares monuments musulmans qui aient échappé aux habitudes de destruction méthodique des Anglais ; mais ce fut un pur hasard. Comme il ne rapportait rien, un gouverneur anglais, lord Bentinck, proposa d'en tirer de l'argent en le démolissant et en mettant ses matériaux en vente. Il s'agissait pourtant d'un édifice dont on a dit qu'il valait à lui seul le voyage de l'Inde et qui est certainement un des plus remarquables monuments qui aient jamais été construits par la main des hommes. Mais ce sont là des impressions d'artistes n'entendant rien aux mœurs commerciales. Ces dernières envahissent assez vite le monde pour qu'on puisse déjà pressentir une époque où la Vénus de Milo sera vendue pour fabriquer du mortier.

Moti Musjid, ou mosquée des Perles, à Agra. - Parmi les monuments remar­quables d'Agra, je citerai encore la Moti Musjid, qui appartient au style de l'époque de Shah Jehan. Elle fut élevée par ce souverain en 1656. L'évêque Hébert disait, après l'avoir visitée, être humilié de voir que jamais les architectes de sa religion ne sauraient rien faire d'égal à ce temple d'Allah.

Jumma Musjid, à Delhi - La ville de Delhi renferme plusieurs monuments de l'art mahométan de l'époque des Mongols, dont nous allons énumérer sommairement quelques-uns. Nous citerons d'abord la Jumma Musjid, ou grande mosquée, construite en 1060 de l'hégire (1650 de J.-C.). Ce magnifique monument est placé sur le sommet d'une immense esplanade, à laquelle conduisent de gigantesques escaliers aboutissant à une porte monumentale de style persan. La mosquée est batie en grès rouge ; la façade est couverte de marbres blancs et noirs très intelligemment combinés. Comme dans les monuments précédents, les arts hindou, arabe et persan y sont amalgamés. Notre gravure donne une idée suffisante de sa forme extérieure.

Palais du grand Mongol, à Delhi, ou Fort de Shah Jehan - Ce palais, construit par Shah Jehan, fut terminé en 1058 de l'hégire (1640 de J.-C.). Il passait pour le plus beau palais musulman existant dans l'Inde et dans la Perse. Les mosaïques des salles faisaient de chacune d'elles une véritable pièce d'orfèvrerie.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 138

la figure # 87

Jumma-Musjid, grande mosquée de Delhi ; d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

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Épargné par les barbares qui ont, à plusieurs reprises, pillé Delhi, ce palais célèbre, une des plus riches merveilles du monde, n'a pas trouvé grace devant les Anglais. Ils ont détruit toutes les parties qui ne pouvaient pas être utilisées, et ont bati avec ses matériaux et à sa place de belles casernes. Ils n'ont respecté que les salles qui pouvaient leur être de quelque utilité. Ces dernières étant ornées de mosaïques et d'ornements trop délicats pour qu'on pût les nettoyer facilement après qu'elles eurent été transformées en écuries, ou en dortoirs pour les soldats, on recouvrit soigneuse­ment leurs parois d'un badigeonnage à la chaux. Cet acte de véritable sauvagerie, dont eût rougi le plus brutal des barbares, causa une telle explosion d'indignation, que les nouveaux maitres de l'Inde durent se résigner à gratter le produit de leur petit travail. Ce qu'ils ont ainsi épargné suffit à donner une idée de ce que le palais pouvait être avant sa destruction, et le lecteur pourra en juger facilement par la reproduction de l'une des salles que nous donnons dans cet ouvrage : « L'intérieur, dit M. Rousselet, est d'une richesse inouïe, les piliers, les arches, les cordons de la voûte sont brodés de merveilleuses arabesques dessinées avec des pierres précieuses incrustées dans le marbre. Le soleil se jouant à travers les arcades sur ces ravissantes mosaïques semble donner la vie à ces guirlandes de fleurs de lapis-lazuli, d'onyx, de sardoines et mille autres pierres fines. »

Ce palais célèbre a été visité au temps de sa splendeur par deux Français, l'un médecin, Bernier, l'autre orfèvre, Tavernier. Leurs descriptions, publiées en 1670 et 1677, donnent les détails des richesses qu'il contenait. L'orfèvre Tavernier eut l'autorisation d'examiner et de dessiner toutes les pierres précieuses du grand Mongol. Il a donné l'estimation et les dessins les plus importants dans son livre. Le palais contenait sept trônes recouverts de diamants. Le plus important de ces sept trônes est estimé par lui à cent soixante millions cinq cent mille francs.

Dans l’édition papier de 1980

apparait à la page 139

la figure # 88

Intérieur de l'une des salles du palais des rois Mogols à Delhi ;
d'après une photographie.

téléchargeable sur le site web : Les Classiques des sciences sociales,
section Auteurs classiques : Gustave Le Bon (1841-1931) :
La civilisation des Arabes (1884).

Retour à la table des figures (ordre numérique sur le site web)

Il est facile, avec les documents que nous venons d'énumérer et les descriptions laissées par les anciens auteurs, de se faire une idée de ce que devait être la cour des souverains de l'Inde à une époque correspondant à peu près à celle où régnait en France le roi Louis XIII. Le voyageur qui approchait de Delhi apercevait de loin, se profilant sur l'azur du ciel, une forêt de coupoles et de minarets. Après avoir pénétré dans la ville il contemplait des centaines de palais et de monuments aux formes féeriques recouverts d'émaux de toutes couleurs dont la peinture seule pourrait redire la majestueuse beauté. Pour voir le maitre de tant de merveilles, il n'avait qu'à s'infor­mer de l'heure à laquelle le souverain se rendait à la mosquée et pouvait, en attendant, jeter un coup d’œil sur des jardins, ou des kiosques, couverts de mosaïques et ouvrages comme de la dentelle, se détachaient sur le fond sombre de bosquets de jasmins, d'orangers, de citronniers, d'arbres odorants inconnus à nos climats, et reflétaient leurs masses de marbre dans des bassins aux eaux profondes.

Pendant qu'il admirait ces choses merveilleuses en se disant que les génies des Mille et une nuits n'avaient jamais rien pu créer de plus beau, le bruit de milliers de cymbales éclatant dans le silence annonçait que l'empereur allait venir. De la porte monumentale du palais sortaient bientôt une foule de serviteurs vêtus de pagnes aux brillantes couleurs, de guerriers aux armures étincelantes, d'esclaves à la peau bron­zée, aux chevilles entourées d'anneaux d'argent, soutenant des palanquins finement ouvragés abrités par des parasols de velours. Puis, au milieu d'un cortège de cavaliers hindous, persans et turcomans dont les cimeterres d'acier flamboyaient comme des flammes, de grands seigneurs et des dignitaires vêtus de costumes resplendissants d'or, d'argent et de pierreries, s'avançait d'un pas majestueux un éléphant gigantesque portant, sous un dais de soie semée de diamants et d'émeraudes, le tout-puissant empereur. La foule se prosternait devant ce grand Mogol, ombre vivante et redoutable de Dieu sur la terre, seigneur absolu de quinze royaumes : roi d'Agra, de Delhi, de Caboul, de Lahore, de Guezerat, de Malvate, du Bengale et d'Aymir, maitre souverain de l'empire des Indes. À ses côtés, des courtisans agitaient des éventails de plumes de paon émergeant de longues gaines ciselées incrustées de pierreries ; et, sur cette pompe asiatique, éblouissante de couleur et d'éclat, un soleil radieux lançait des pluies d'or.



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